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Des femmes savantes en hadîths avec un grand nombre de narrations



« Le grand volume de narrations du hadîth chez les femmes savantes mérite une attention en elle-même à plusieurs égards. On trouve cela chez plusieurs générations de femmes instruites - depuis la génération des compagnons, des successeurs - puis chaque génération après cela.
Il y a plusieurs femmes savantes qui ont collecté un grand nombre de hadîths. Aïcha l’épouse du Prophète saws (m. 57 ah) a rapporté 2210 hadîths dont 297 sont inclus dans les sahih d’al Boukhârî et Muslim.
Un autre exemple est ‘Abidah al-Madaniyyah, qui a rapporté de l’imam Mâlik ibn Anas. Certains houffâzh ont même rapporté qu’elle a narré 10 000 hadîths. Zaynab bint al-Kamâl (m. 740 ah) aurait étudié suffisamment de livres de hadîths pour emplir la charge d’un chameau selon ses élèves ! Une mention de ces livres se trouve dans la vaste liste d’ouvrages de hadîth du hâfizh ibn Hajar. Je ne connais pas d’érudit en hadîth aujourd’hui qui a parcouru tous ces titres. »

Traduction de M.A. Nadwi, al-Muhaddithât. Notes for a talk on the women scholars of hadîth, p. 9.

Les hommes apprenant le hadîth des femmes enseignantes sans les voir.



« Hicham(1) le mari de Fâtimah bint al-Mundhir objecta un jour à la narration de ibn Ishaq de Fâtimah : « ibn Ishaq rapporte de mon épouse Fâtimah bint al-Mundhir, mais par Allah il ne l'a jamais vu ». L’imam adh-Dhababi commenta : « Hicham dit vrai dans son serment, Ibn ishaq ne l’a jamais vu. [Cependant] il n’a jamais prétendu l’avoir vu. Plutôt, il mentionna qu’elle lui a transmis [le hadîth]. Il ajouta : nous avons étudié avec un nombre de femmes et je ne les ai jamais vu. De la même manière beaucoup de tabi’un ont rapporté de Aïcha, l’épouse du Prophète saws, sans voir son visage ». »

Traduction de M.A. Nadwi, al-Muhaddithât. Notes for a talk on the women scholars of hadîth, p. 6, qui rapporte la citation de adh-Dhahabi dans Siyar a’lam an Nubala, vol. vii, p. 38.
(1) L’auteur de la célèbre sira/biographie du Prophète Mohammed saws.

Des savants enseignant à leur épouse



« Les sources ont également rapporté les savants attentifs à l'éducation de leurs épouses. Ibn al-Hâjj dit : « à notre époque il y eut Sîdî Abû Muhammed. Sa femme lut le saint Coran avec lui et le mémorisa. De même, elle lut avec lui la Risâlah de chaykh Abû Muhammed ibn Abî Zayd al-Qayrawânî (m. 386) et la moitié du Muwatta de l'imam Mâlik. Un autre exemple est l'épouse du Hâfizh ibn Hajar, Uns bint 'Abd al-Karîm ibn Ahmad al-Karîmî al-Lakhamî. Ibn Hajar lui permit d'écouter le Musalsal bi-l-awwaliyyah de son propre chaykh, le grand muhaddith Hâfizh al-'Irâqî (m.806) ; également le Musalsal bi-l-awwaliyyah de Sharaf ad-Dîn ibn al-Kuwayk (m. 821). Puis il lui fit obtenir des ijâzahs en Syrie à Dhû l-Qa'da 798, à Minâ en Safar 800 et à nouveau en Rabi' al Âkhi 800, puis plus tard. »

Traduction de M. A. Nadwi, Al Muhaddithat, p. 46.

LES SAVANTES QUI ENSEIGNAIENT AUX HOMMES


Le fait que des femmes, savantes religieuses de renom, enseignent à des hommes, fut un phénomène répandu le long de l'histoire de la civilisation islamique.

Déjà à l'époque prophétique les savantes les plus émérites, à commencer par plusieurs épouses du Prophète Muhammad (pbDsl), enseignaient largement à leurs compagnons masculins. Voir à ce sujet notre article : "le nombre d'élèves des épouses du Prophète (pbDsl)"

Ces quelques statistiques du nombre de professeurs femmes de quelques-uns des savants sunnites les plus connus suffisent à illustrer ce phénomène de l'enseignement des femmes dans les sciences islamiques :
Ibn Hajar al 'Asqalani a étudié avec 53 femmes, as-Sakhawi a eu des ijazas de 68 femmes, As-Suyuti a eu un quart de ses chouyoukh comme femmes  soit 331. Le Hâfizh ibn an-Najjâr (m. 643) a eu quelques 400 femmes enseignantes.2


1 Bewley, Muslim Women. A Biographical Dictionary, introdution p. vi .
2 M. A. Nadwi, Al Muhaddithat, p. XXI qui cite adh-Dhahabi, Siyar a'lâm an-nubala, xxii, 133.

(Article mis à jour)

Les savantes ayant eu un grand nombre de professeurs



Les grandes savantes en religion purent étudier avec de nombreux professeurs ou encore obtenir de nombreuses ijâzahs. « Par exemple Aïcha bint 'Umar ibn Ruchayd al-Fihri de Sabta au Maroc reçut des ijâzahs d'un grand nombre de savants en Egypte, à La Mecque, à Médine et en Syrie. Un autre exemple est Âsiyah bint Jârullâh ibn Sâlih ach-Chaybânî (m. 873) : le grand nombre de savants qui lui ont donné des ijâzahs sont listés par as-Suyûtî (m. 911) : on compte 105 noms dans sa liste, de différentes villes et lieux. »

Traduction de M. A. Nadwi, Al Muhaddithat, p. 107.

Une grande juriste shafi'ite



« Dans le domaine de la jurisprudence, Amat al-Wâhid bint al-Husayn ibn Ismâ'îl al-Mahâmili (décédée en 377) était une grande juriste shafi'ite. Elle avait appris le hadîth et le fiqh de son père, Ismâ'îl ibn al-'Abbâs al Warrâq, de 'Abd al-Ghâfir al-Himsi et d'autres. Elle connaissait le Coran par cœur, le fiqh shafi'ite, était particulièrement experte dans les lois de l'héritage. Al-Barqâni a noté qu'elle donnait des fatwas en compagnie d'Abu 'Alî ibn 'Alî Hurayrah. »

Akram, al-Muhaddithât. Notes for a talk on the women scholars of hadîth, p. 4.

Fâtima bint Muhammad ibn ahmad as-Samarqandî


Fâtima bint Muhammad ibn ahmad as-Samarqandî (environ 578/1182, à Alep en Syrie) fut une grande savante, en Fiqh et en Hadîth particulièrement. Son père était lui-même un savant. Fatima était extrèmement belle, alors beaucoup de rois l'ont demandé en mariage mais son père refusa toujours. Et puis un jour, un de ses étudiants dénommé al-Kasânî était particulièrement brillant et a écrit un commentaire de de ses livres [à son père]. Le père fut tellement enchanté par ce livre qu'il maria sa fille avec cet étudiant et le commentaire en était la dot. Cet homme, al-Kasânî, devint savant à son tour, un juriste hanafite, et Fatima corrigeait ses jugements et énonçait elle-même des fatwas conjointement avec son père. Même le sultan syrien avait engagé Fatima pour conseiller sa famille sur des sujets juridiques.1

1Bewley A. A., Muslim Women. A Biographical Dictionnary, Ta-Ha Pulishers Ltd., London, 2004, p. 54.

Aïcha bint Talha



Aïcha bint Talha fait parti de la génération des tâbi'un1 et fut la nièce d'Aïcha la mère des croyants. Elle passa beaucoup de temps auprès de cette dernière, vécu chez elle durant une certaine période et fut instruite par elle. Réputée pour être belle et cultivée, on la connaît principalement car elle a transmis des hadîths ; elle tenait des assemblées et beaucoup de gens dont des savants venaient la visiter ou lui écrivait du fait de sa proximité avec Aïcha la mère des croyants et de sa connaissance de la religion.

« Mûsâ ibn 'Abdillah dit : Aicha bint Talha nous a rapporté : Je parlais à Aïcha [la mère des croyants] lorsque j'étais sous sa protection. Les gens avaient l'habitude de venir [chez Aicha] la visiter de tous les lieux.Les chouyoukhs me visitaient du fait de ma place avec elle. Les jeunes hommes me traitaient comme une soeur et m'offraient des cadeaux et m'écrivaient depuis leur ville. Je disais à Aîcha : tante, ceci est une lettre de tel et tel ainsi qu'un cadeau de sa part. Alors Aïcha me répondait : Mon enfant, répond-lui et récompense-le. Si tu n'as rien pour le récompenser, je te donnerais [quelque chose]. Ensuite elle me donnait [quelque chose pour lui]. » (Al Bukhârî, adab al mufrad, n° 1118)

Elle aurait également discuté d'astronomie, d'histoire et de littérature.2 Elle n'était sans doute pas la seule femme très cultivée de la période des successeurs puis de leurs suivants.
Aïcha bint Talha est décédée après l'année 100 de l'hégire (année 718 grégorienne).3


1Ce sont les « successeurs » : ceux qui ont rencontré des compagnons en étant musulmans et sont morts musulmans.
2 Bewley A. A., Muslim Women. A Biographical Dictionnary, Ta-Ha Pulishers Ltd., London, 2004, p. 9.
3 Idem.

ANECTODE SUR LA MERE ET LA SOEUR DE L'IMAM MALIK



« C'est dans un tel environnement que grandit Mâlik. Il apprit tout jeune le Coran par cœur, comme dans toute famille musulmane religieuse de Médine, aux premiers siècles suivant la révélation coranique, les plus vertueux, selon le Prophète saws.
Puis il apprit ensuite par cœur les hadîth, et exprima le désir d'assister aux séances des savants pour consigner et étudier la science religieuse. Sa mère lui mit donc les plus beaux habits, ainsi qu'un turban, et lui dit : « Va auprès de Rabî'a et étudie sa science religieuse avant sa science profane. »
Alors, encouragé par sa mère, il alla auprès de Rabî'a ar-Ra'y pour la première fois pour étudier le fiqh d'interprétation. Il était encore tout jeune, ce qui fit dit dire à l'un de ses contemporains : « J'ai vu Mâlik dans le cercle de Rabî'a avec une boucle d'oreille », ce qui indiquait qu'il suivait ses enseignements depuis sa prime enfance. Et il s'appliquait à retenir ce qu'il écrivait, de telle sorte qu'après la leçon, il s'asseyait à l'ombre des arbres pour revoir ce qu'il avait consigné. Et sa sœur, qui le vit un jour dans cette situation, alla voir son père, qui lui dit : « Ma fille, il apprend les hadîth par cœur ». »

Ce qui est remarquable dans l'anectode citée est que la mère de l'imam Mâlik connaissait parfaitement l'identité d'un des principaux savant de sa ville et a invité son fils à apprendre auprès de ce dernier la science de l'au-delà avant la science de l'ici-bas. De quoi méditer sur le modèle éducatif que nous donnons à nos enfants.


Source de la citation : Mohammad Aboû Zahra, L'Imam Malik. Sa vie et son époque, ses opinions et son fiqh, ed. Al Qalam, p. 25-26.

AICHA BINT MUHAMMAD « LA GRANDE MUHADDITHA DE DAMAS »



Aicha bint Muhammad ibn 'Abdil-Hâdî est née en 724(h)/1323(g) et fut professeur de Hadîths et de Sîra (biographie du Prophète), la dernière à transmettre le sahih al Bukhârî avec une chaîne haute.
Elle était surnommée « la grande muhadditha1 de Damas » par ibn al 'Imâd qui a dit qu'elle était la plus digne de confiance des gens de son époque dans la transmission. Elle était aussi surnommée « la grande musnida2 ». Beaucoup d'étudiants venaient de loin pour assister à ses séances. Elle fut l'une des plus grandes professeurs d'ibn Hajar et a enseigné à au moins 35 femmes selon as-Sakhâwî. Elle est décédée à l'âge de 84 ans en 814(h)/1413 (g).

sources :
A. Bewley, Muslim Women. A biographical Dictionary, p. 8.
M. A. Nadwi, Al Muhaddithat, p. 260.

  1. Experte en sciences du hadîth.
  2. En référence au hadîth musnad : qui remonte au Prophète (pbDsl) avec une chaîne de transmission continue.