Emmener
ses enfants avec soi à la mosquée représente un dilemme pour un
certain nombre de parents lorsqu'ils sont encore jeunes et ne savent
pas être sages suffisamment longtemps. D'un côté nous avons
conscience qu'il est nécessaire de leur donner un contact fort avec
la mosquée, particulièrement dans une société où la place de la
religion est très réduite, et de l'autre nous savons qu'ils peuvent
perturber la tenue des prières, causer du dérangement aux autres ou
même à leurs propres parents. Cela entraîne même parfois des
polémiques voire des disputes entre les familles soucieuses
d'inculquer l'amour des mosquées auprès des enfants, les femmes
ayant des nourrissons souhaitant également profiter quelque peu des
mosquées plutôt que d'en être privées pendant des années, et les
fidèles adultes venus seuls dans l'espoir de se receuillir dans la
dévotion et le calme envers leur Seigneur.
Nous
allons voir le jugement de l'imam Mâlik sur cette question ;
mais avant commençons par citer un ensemble de hadîths à ce
sujet :
A/
Les hadîths montrant le Prophète, bénédiction et salut d'Allah
sur lui, prier lui-même avec ses petits-enfants ou accepter la
présence d'enfants et de leur mère :
D'après Anas Ibn Malik (qu'Allah l'agrée) : « Le Prophète, que la prière d'Allah et Son salut soient sur lui, entendait les pleurs d'un enfant avec sa mère alors qu'il était en prière et alors il récitait une sourate courte ». Rapporté par Mouslim.
An-Nasâ-i
rapporte de 'Abdallah ibn chaddâd que son père a dit : Le
Messager d'Allah, paix et salut sur lui, arriva à l'une des deux
prière de nuit (maghrib ou ‘Icha) en portant al-Hassan ou
al-Houssayn. le Messager d'Allah, paix et salut sur lui, s'avança
et posa l'enfant à terre et prononça le takbir de sacralisation.
Ensuite il se prosterna durant la prière et sa prosternation dura
longtemps. Mon père dit : « Je levai ma tête et vit
l'enfant sur le dos du Messager d'Allah paix et salut sur lui, puis
je revins à ma prosternation. Lorsque le Messager d'Allah, paix et
salut sur lui, finit la prière les gens lui dirent : «
Ô Messager d'Allah ! Tu t’es prosterné si longtemps qu’on
a cru qu’il t’était arrivé quelque chose ou que tu recevais la
Révélation ! » Il dit : « Il n’en est rien. Mon fils est monté
sur mon dos me prenant pour sa monture et je n’ai pas voulu le
faire descendre jusqu’à ce qu’il en ait eu assez. »
Rapporté par an-Nasa-i.
Yahya
m'a rapporté de Malik de Amir ibn Abdullah ibn az- Zubayr de Amr ibn
Sulaym az-Zuraqi de Abu Qutada al-Ansari que le Messager d'Allâh,
bénédiction et salut d'Allah sur lui, priait en portant Umama la
fille de Zaynab, [elle-même] fille de l'Envoyé d'Allâh,
bénédiction et salut d'Allah sur lui, et [fille] d'Abu-l-'As
ibn rabi'ah ibn 'abd chams. Lorsqu'il se prosternait il la posait, et
lorsqu'il le levait il la portait. Rapporté par l'imam Mâlik dans
Al Muwatta.
Et
selon une autre version : « J'ai vu le Messager
d'Allâh,
bénédiction et salut d'Allah sur lui diriger les gens en prière
avec Umâmah bint Abu-l-'As
sur ses épaules. Lorsqu'il s'inclinait il la posait par terre, et
lorsqu'il se relevait de la prosternation il la ramassait à
nouveau. »
Dans
le livre de la prière des deux 'aïds, au chapitre de l'imam qui
descend du minbar avant de terminer le sermon (khutbah), An-Nasa-i
dans ses sunan nous rapporte :
Il
a été rapporté d'ibn Buraidah que son père dit : « Lorsque
le Messager d'Allah, bénédiction et salur d'Allah sur lui, était
sur le minbar, Al-Hasan
et Al-Husain vinrent vétus de qamis rouges, marchant et trébuchant.
Il descendit et les ramassa, puis il dit : « Allah a dit
la vérité : {Vos biens et vos enfants ne sont qu'une
tentation}1.
J'ai vu ces deux-là marcher et trébucher dans leur qamis et je n'ai
pu patienter jusqu'à descendre et les porter. » »
Dans
la version du hadîth rapporté par at-Tirmizhy il mentionne que le
Prophète, bénédiction et salut d'Allah sur lui, les plaça devant
lui après les avoir attraper avant de s'adresser aux gens.
B/
Un hadîth invitant à écarter les enfants des mosquées
L'Envoyé
d'Allâh, bénédiction et salut d'Allah sur lui, a dit : « Ecartez
de nos mosquées les enfants et les fous d'entre vous ».
Rapporté par ibn Mâjah.
C/
L'avis de l'école malikite
Maintenant,
voyons le jugement de l'imam Mâlik : « Dans la mudawwanah
chapitre jâmi'ou ssalâh : il dit : on questionna Mâlik
au sujet des enfants qu'on amène à la mosquée. Il dit : s'il
ne fait pas n'importe quoi malgré son jeûne âge et qu'il
s'abstient lorsqu'on lui interdit, alors je ne vois pas de mal à ce
qu'on l'amène à la mosquée, et s'il fait n'importe quoi à cause
de son jeûne âgen je pense qu'il ne faut pas l'amener à la
mosquée. »2
Ainsi,
la position de l'imam Mâlik apparaît comme une position du juste
milieu permettant de prendre en compte tous les hadîths traitant de
la présence des jeunes enfants dans la mosquée, ceux qui montrent
que cela est possible comme celui qui incite à l'éviter.
Rappelons
également que selon l'école malikite l'on ne doit pas introduire
une impureté dans la mosquée. Et il se peut que les nourrissons
portent des impuretés sur eux, dans leur couche notamment. Il
faudrait donc veiller à ce que ces nourrissons soient purifiés des
impuretés avant de les faire entrer à la mosquée.
Enfin,
pour terminer nous aimerions citer l'exemple de mosquées très
bien organisées mettant à disposition une garderie à part pour les
très jeûnes enfants : les fidèles peuvent ainsi prier dans le
calme et les familles, parents et enfants, peuvent bénéficier aussi
des mosquées.
Wa
Allahu 'alem.
1 Coran,
sourate at-taghâboun v. 15.
2.
trad : Chaykh Abdallah althaparro, dans son Livre comprenant
les questions de la Risâlah d'ibn Abî Zayd avec son commentaire et
les dalîl.
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