La possibilité de suivre des avis d’écoles juridiques différentes

 La question de suivre ou non une école juridique, sans en sortir, ou bien de pouvoir choisir des avis dans différentes écoles juridiques, est un débat qui anime également les musulmans vivant en pays non musulman à notre époque.

Sachant que le problème majoritaire des musulmans n’est même pas de suivre ou non une école juridique. Leur problème est d’apprendre ce que signifie avoir une approche scientifique des problèmes juridiques et théologiques de la religion et de connaître les références à suivre en la matière. Bien sûr l’approche affective et spirituelle de la religion peut être faite par tout un chacun, qui va s’efforcer de se rapprocher d’Allah et de faire le bien ; mais ici nous parlons d’être capable de donner des réponses scientifiques à ce que signifient le Coran et la Sunnah sur une multitude de questions. Nous observons que la plupart du temps les musulmans ne s’efforcent pas de se baser sur les savants mujtahidun qui sont des références scientifiques reconnus au travers des siècles. Ils se basent plutôt la plupart du temps soit sur leur compréhension personnelle du Coran et des hadîths qu’ils connaissent, ou la connaissance de gens de leur entourage (réel ou virtuel) n’étant nullement spécialistes, sans se rendre compte qu’il s’agit d’une connaissance très parcellaire qui ne peut répondre solidement à des problèmes théologiques plus ou moins complexes. Ou bien ils se basent sur des imams et savants contemporains qu’ils affectionnent qui eux-mêmes ont une approche subjective et incomplète de leur religion, mais comme ils ont beaucoup plus de connaissances que les gens, leurs réponses ont l’air d’être convaincantes pour qui ne peut comparer avec les réponses des mujtahidun. Certains plus rares enfin savent distinguer les savants et enseignants contemporains qui s’efforcent de transmettre la parole des grands mujtahidun du passé et de ceux du présent qui répondent aux problématiques nouvelles de notre temps.


Concernant maintenant les grandes écoles juridiques, qui sont le travail le plus abouti des mujtahidun, deux citations de savants anciens qui sont de grandes références sur la possibilité de suivre plusieurs avis :

1/Suivre ou non une seule école juridique

Certains (savants) ont opté pour la permission (du mélange des avis), comme dans (l’ouvrage) « Le grand commentaire d’ad-Dusûqî1 », dans la phrase : « Dans le mélange des avis émanant de deux Ecoles dans une seule adoration, il existe deux avis : l’empêchement, et il s’agit de l’avis des égyptiens, et la permission, et il s’agit de l’avis des maghrébins qui est l’avis prévalent. » Fin de citation.
وذهب بعضهم إلى الجواز , جاء في " الشرح الكبير للشيخ الدردير وحاشية الدسوقي "(1 / 20): "وَبِالْجُمْلَةِ : ففِي التَّلْفِيقِ فِي الْعِبَادَةِ الْوَاحِدَةِ مِنْ مَذْهَبَيْنِ طَرِيقَتَانِ : الْمَنْعُ ، وَهُوَ طَرِيقَةُ الْمَصَارِوَةِ , وَالْجَوَازُ ، وَهُوَ طَرِيقَةُ الْمَغَارِبَةِ وَرُجِّحَتْ " انتهى

2/ L’interdiction de réunir les dérogations des uns et des autres

Soulayman at-taymî a dit : si tu réunis les dérogations (rukhsah) de tous les savants tu y rassembles le mal entièrement.

Abu ‘Umar ibn abdelbarr a dit : Ceci est un consensus dans lequel je ne connais aucune divergence.‏ ‏.‏

قال سليمان التيمي : " إن

أخذت برخصة كل عالم اجتمع فيك الشر كله

قال أبو عمر ابن عبد البر : هذا إجماع لا أعلم فيه خلافاً


Pour conclure il faut retenir deux idées :

-l’avis prévalent chez les malikites est que l’on peut prendre des avis d’autres écoles (même au sein d’une seule adoration).

Suivre une école juridique est une question de cohérence méthodologique, d’efficacité et de facilité dans l’apprentissage (aussi de s’épargner les difficultés des divergences permanentes), sans que cela conduire à une difficulté insurmontable dans la pratique en s’empêchant de considérer ce qui existe ailleurs chez d’autres grands mujtahidun.

-Mais il y a une limite : il est interdit de conduire au laxisme de ne choisir que les avis les plus faciles, les dérogations (rukhsah) notamment, sans même parler des avis laxistes qui ne sont pas de réels ijtihad. On ne pourrait concevoir par exemple d’effectuer la prière d’une façon qui ne soit valable selon aucune école, à force d’avoir abusé du mélange des avis.

1 Il s’agit du commentaire de l’explication du chaykh ad-Dardîr du mukhtassar de Khalîl (20/1), à savoir l’ouvrage de référence de fiqh par excellence de l’école malikite.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire