DEUX MUSULMANES AU DESTIN EXCEPTIONNEL


L'Histoire de la civilisation musulmane est remplie de femmes ayant réalisé de grandes œuvres, parfois même des œuvres exceptionnelles, et ce dans tous les domaines de la civilisation. D'innombrables femmes furent de grandes savantes dans les sciences islamiques, suscitant l'admiration de leurs homologues masculins et les hissant parfois à de véritables positions d'autorité, certaines se sont brillamment illustrées dans les sciences profanes, beaucoup d'autres eurent de grandes responsabilités ou influences politiques, furent mécènes ou même gérantes d'importantes réalisations architecturales (mosquées, écoles, hôpitaux, routes...), ont marqué leur environnement par leur engagement humanitaire ou sociale (instigatrice ou gérante de fondation pieuse, de systèmes d'aide sociale), se sont même engagées dans les guerres et y ont parfois joué des rôles stratégiques indispensables, ou encore d'autres atteignirent la renommée grâce à leur art (poétesses, calligraphes...).
Les deux portraits de musulmanes que nous dressons ici surprennent par leur caractère pittoresque, complètement inattendu, mêlant courage et teinte romanesque. Leur histoire digne de contes mérite d'être connue.

La musulmane qui inventa un art martial

Notre première héroïne vécut en Indonésie au 10ème siècle hégirien (16ème siècle grégorien). Prénommée Bersilat, simple paysanne de Sumatra, un événement allait marquer sa vie jusqu'à passer son nom à la postérité et exalter sa renommée. Vers l'an 917/1511, alors qu'elle était allée chercher de l'eau au ruisseau, elle a vu combattre un tigre et un gros oiseau durant des heures. Puis ce fut son tour d'être prise dans un combat qu'elle n'avait pas choisi : des villageois ivres l'ont en effet attaquée ! Elle eut l'idée géniale d'imiter les gestes des deux animaux, parvenant ainsi à se défendre puis à s'évader. Elle a ensuite enseigné ces mouvements aux villageois, et ces mêmes mouvements se transmirent de génération en génération. L'art martial indonésien « silat et Bersilat », existant encore de nos jours, fut ainsi fondé.[1]

La reine des Pirates

Notre seconde héroïne vécut au Maroc à la même période. Sayyida al-Hurra, marocaine d'origine andalouse, fut la chef de tous les pirates du côté Ouest de la Mer Méditerranée ! Sa renommée fut tellement grande qu'on la nommait la reine des Pirates, et le célèbre pirate Barberousse

(qui fut aussi un amiral ottoman) était l'un de ses alliés. En fait, elle et ses acolytes considéraient qu’ils n'était pas de ces bandits des mers mais qu'ils menaient le Jihad[2] contre les Portugais et Espagnols voulant conquérir les ports marocains. Mariée la première fois à 18 ans au gouverneur de Tétouan, elle mena cette vie aventureuse durant son mariage, puis après lorsqu’elle fut veuve, et encore lorsqu’elle accéda à de grandes responsabilités politiques ! Elle devint le gouverneur de Tétouan au Maroc et exerça son pouvoir de 916/1510 à 949/1542, où elle fut déposée. En second mariage elle épousa le roi du Maroc, Ahmad al-Wattâsî, et lui demanda célébrer le mariage à Tétouan pour qu'elle puisse montrer son influence et pouvoir sur son ancien domaine.[3]


[1]             Bewley Aïsha., Muslim Women. A Biographical Dictionnary, Ta-Ha Pulishers Ltd., London, 2004, p. 32.
[2]             L'Islam autorise la guerre légitime comme la résistance à une colonisation et interdit formellement le  terrorisme sévissant à notre époque.
[3]             Bewley Aïsha., Muslim Women. A Biographical Dictionnary, Ta-Ha Pulishers Ltd., London, 2004, p. 143-4.

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